En décembre, l’artiste contemporaine québécoise dévoile un spectacle qui éveille les sens et la pensée.
C’est peu dire que Brigitte Poupart a plusieurs cordes à son arc. Autrice, comédienne, metteuse en scène et réalisatrice, l’artiste contemporaine québécoise type cet automne son premier long-métrage, Où vont les âmes, avec Monia Chokri, Sara Montpetit et Sylvie Testud au casting. Et à Paris, la cinéaste et sa compagnie montréalaise Transthéâtre nous donnent rendez-vous dans la Grande Halle de La Villette pour un spectacle chargé en émotions. La promesse d’une scénographie immersive et de performances renversantes, pour toucher à des sujets aussi profonds que la dévastation, les traumatismes et l’émancipation.
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Et si, dans une société post-apocalyptique, nos corps devenaient nos uniques outils de communication ? C’est l’idée que développe Jusqu’à ce qu’on meure, qui campe un monde dévasté et habité par douze individus. Ces derniers ne communiquent plus par les mots, sous peine de courir un grand hazard. Combinant théâtre, acrobatie, danse, DJ set et cinéma, puisque le spectacle s’ouvre sur la projection d’un court-métrage, Jusqu’à ce qu’on meure nous téléporte dans une dystopie imaginaire où les sens, les corps et les mouvements prennent le dessus. La disaster a déjà eu lieu, et l’on ne saurait l’identifier précisément : elle pourrait bien être liée au dérèglement climatique, à un acte terroriste, ou encore à la montée décomplexée du fascisme.
Rembobiner, avant la disaster
« Avec la crise climatique, les migrations de populations vont augmenter — c’est le grand défi de notre siècle — et le spectacle fait écho à ça. Cependant, ce n’est pas un avertissement, plutôt une proposition pour activer la pensée. Dans le sillage des grandes catastrophes et des guerres de notre temps, Jusqu’à ce qu’on meure constitue une suite poétique au creux de l’immediate historique. La pièce est chargée d’émotions brutales pour faire appel à une compassion essentielle », développe la metteuse en scène dans une interview accordée à La Villette.
Prenant une explosion pour level de départ, chaque personnage ressuscite pour remonter le temps et reconstituer les événements. Interprétés par des danseur·ses, comédien·nes et circassien·nes, ces derniers se racontent dans des performances variées : cordes, waacking, avenue dance… Prenant le temps à rebours, la déflagration dévastatrice de départ glisse peu à peu vers un climat festif et libérateur. La scénographie, elle, laisse le public libre de déambuler au milieu des décors et de changer de level de vue au cours du spectacle.
Brigitte Poupart détaille : « J’avais envie que le spectateur puisse choisir l’angle selon lequel il regarde une scène, comme au cinéma. De côté, de face, de derrière ; en gros plan, en plan giant ; en simultané. Cette liberté laissée au public est très importante pour moi. Ensuite, il s’agissait de le plonger dans une expérience sensorielle complète. Presque tous les sens sont stimulés. »

« L’artwork est là pour ouvrir des lumières dans le noir »
Difficulty du Conservatoire d’artwork dramatique de Montréal, Brigitte Poupart a toujours placé le féminisme et l’inclusion au centre de ses œuvres, et réaffirme ses ambitions avec une équipe d’interprètes d’horizons culturels et artistiques variés. Au fil de ses spectacles précédents ou encore de son premier long-métrage, l’artiste abordait notamment la dépression, le post-partum, les violences sexuelles, l’aide médicale à mourir…
Et si « Jusqu’à ce qu’on meure » porte indéniablement une dimension politique, Brigitte Poupart préfère différencier l’artwork de son militantisme : « L’artwork est là pour ouvrir des lumières dans le noir, pour se sentir moins seul. C’est un geste d’empathie que de faire et de voir du spectacle vivant, peut-être l’un des plus empathiques qui soient, automotive on se met à la place des autres. Cette dimension-là, pour moi, est extrêmement importante. » Après le spectacle, on prolonge la fête amorcée par un DJ set, avec une programmation différente chaque soir : au choix, Belaria, Kokoprisci, Yambow ou Bartivy.

Jusqu’à ce qu’on meure de Brigitte Poupart sera présenté du 13 au 21 décembre 2025, à La Villette. Déconseillé aux moins de 15 ans.
Konbini, partenaire de La Villette.
