Le photographe témoigne de vingt-cinq ans de violences politiques de notre époque contemporaine.
Dans l’œil du photographe : les États-Unis, la Cisjordanie, Haïti, le Rwanda, la Syrie, la Biélorussie… Sur les conflits et tensions politiques qui agitent et délitent les quatre cash du monde, Luc Delahaye ouvre des fenêtres d’statement imprenables. Photoreporter de guerre et ancien membre de l’agence Magnum, le photographe a délaissé la photograph de presse pour se tourner vers une pratique plus artistique au tournant des années 90. Avec « Le bruit du monde », le Jeu de Paume relate un pan de sa carrière à travers une sélection d’photographs réalisées entre 2001 et 2025. Rendez-vous dans le musée parisien jusqu’au 4 janvier 2026 pour découvrir les conflits contemporains, vus par le photographe français.
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Cette grande monographie, et première exposition parisienne de l’artiste depuis deux décennies, dévoile ainsi près de 80 clichés, témoins silencieux des « désordres » de notre époque : comprendre les conflits armés, les camps de réfugiés, les conferences politiques de Trump, les merchants qui se disputent le marché financier… « De la guerre d’Irak à celle d’Ukraine, d’Haïti à la Libye, des conférences de l’OPEP à celles de la COP, Delahaye discover le bruit du monde et les lieux censés le réguler », explicite le Jeu de Paume.
Luc Delahaye, Jenin refugee camp, 2002.
La contemplation de tableaux photographiques
Photojournaliste de guerre jusqu’aux années 90, Luc Delahaye, né en 1962, a immortalisé les conflits armés pour l’agence Sipa, avant de rejoindre Magnum et le journal américain Newsweek. En 2012, l’artiste se confiait, dans les lignes du Monde, sur son virage photographique : « Il y a l’idée de monument et de mémoire. Au début j’ai cherché, sans doute naïvement, à raconter le monde dans sa totalité avec des photographs. Travailler à partir de l’actualité me permet de ne pas imposer un « sujet » à la réalité ».
Toujours accroché à l’actualité, le photographe français compose depuis des photographs aux airs de tableaux, qui racontent un pan d’histoire de notre monde contemporain et invitent à la contemplation. On peut penser à ses photographs panoramiques qui racontent le réel, surtout réalisées entre 2001 et 2005, et qui nous placent de facto dans une place de spectateur·ice extérieur·e à l’picture. C’est le cas lorsqu’il photographie une cérémonie de funérailles au Rwanda dans une composition quasi vertigineuse, ou une réunion de l’ONU supposément « ordinaire », dévoilant pourtant une agitation humaine hors norme et anxiogène.
Dès 2005, l’artiste fait évoluer ses photographs en les composant numériquement, s’appuyant sur des prises de vue multiples d’un même événement. « Delahaye cherche à capter la complexité d’une scenario dans une seule picture, tout en conservant une ambiguïté fondamentale, refusant toute interprétation univoque. Cette évolution s’accompagne d’un élargissement des codecs, affirmant la présence de la determine humaine. Le détail devient essentiel : il ancre l’picture dans le réel », poursuit le Jeu de Paume. En constante mutation, la pratique de Luc Delahaye se sédentarise légèrement pour être davantage scriptée. Dans son atelier, le photographe conçoit des photographs à partir du réel et transforme ses prises de vue pour donner lieu à des photographies réfléchies et réflexives.

Le bruit du XXIe siècle
Il s’essaie ensuite à la vidéo, à d’autres esthétiques – dont le noir et blanc – et façons de travailler, et fait évoluer ses représentations humaines pour constituer des ensembles éloquents. Le centre d’artwork détaille : « Les individus représentés, souvent anonymes, acquièrent une valeur universelle. Delahaye dessine un peuple de douleurs : soldats, prisonniers, déplacés, enfants errants, personnes vulnérables, hommes et femmes absorbés dans leur tâche. L’picture cherche moins à raconter qu’à donner une densité à ces présences silencieuses ».
À la croisée de l’artwork, de l’histoire et de l’info, Luc Delahaye livre des photographs puissantes qui invitent à la réflexion. Dévoilant une sélection de ses travaux photographiques, parfois implacables ou vertigineux, souvent poétiques et esthétiques, l’exposition monographique offre une fenêtre inédite sur les tensions qui nouent nos sociétés depuis le début du millénaire.


L’exposition consacrée à Luc Delahaye, « Le bruit du monde », est seen jusqu’au 4 janvier 2026 au Jeu de Paume.
Konbini, partenaire du Jeu de Paume.
